bien sûr il a fallu
que naisse la lumière
mais ensuite l’oublier
définitivement
ne garder que les demi-teintes
et surtout les jeux les renvois
les non-dits les bégaiements
avancer sur le côté
balbutiant
laisser l’âme s’émouvoir de l’obscur
le cœur du soupçon d’un remous
quand ils fanfaronnent
les mots eux-mêmes sont vides
les yeux ne parlent que dans le vague
le sourire s’embellit de l’énigmatique
contempler les aspérités
pour ne pas s’en blesser
lancer les perspectives en flèches
vers les frondaisons dansantes
ne rien croire d’abord
tout imaginer
écouter le vent
quand il trouble la pluie
profiter de la fraîcheur
entre jour et nuit
quand la vie prend le goût
d’un grain de sel glissant
sur la peau lentement
de l’amour
ne retenir que ses frôlements
les débuts les bruissements
les senteurs de jeunesse
les longs silences rapprochés
l’attente poignante de la rencontre
l’éternité de l’instant
dans la nature
et dans l’homme
étudier sans cesse
le meilleur contraste
la ligne de fuite
évasive et décidée
qui dessine l’arrière-plan
dans les mystères brumeux
déformer la silhouette du temps
celle des passants
et de l’espace
suivre les traces
des fantômes blancs
et sentir la liberté t’envahir
à pas de géant
Hommage à Junichiro Tanizaki
Luc Fayard, 2023