les jours où ma mère repassait
les piles de linge s’empilaient
sur la table de la cuisine
selon un ordre qu’elle avait établi
et les vêtements qu’elle humectait
d’eau de pluie fleuraient bon
la rosée du matin
quand ma mère passait l’aspirateur
elle tirait derrière elle
un traîneau Birum des années trente
véritable monstre et pièce de musée
qui avait fait son temps
mais qui continua à aspirer
même après l’ultime soupir de ma mère
quand je me remémore aujourd’hui
le passage du facteur
qui n’était autre que la surprise
du jour toujours renouvelée
c’est encore ma mère qui repasse
en m’adressant poste restante
son sourire depuis sa dernière demeure
Françoise Urban-Menninger