ma mère en a passé du temps
dans sa cuisine à faire tourner le monde
avec une cuillère en bois
dans ses casseroles ses marmites
ses cocottes ses sauteuses
quant au fait tout
comme son nom l’indique
elle y fourrait pêle-mêle
un brin de politique
une pincée de morale
avant de saupoudrer le tout
de sa philosophie personnelle
tout en reprenant un air d’Edith Piaf
elle laissait mijoter
sur un coin de la cuisinière
la part belle de sa vie
avant de remettre inlassablement
le couvert sur cette table des jours
où nous ne voyions plus que son sourire
flotter dans le rêve indéfini
de cet ailleurs
où elle se rendait parfois
en oubliant sur le feu
le monde qui se consumait en silence
Françoise Urban-Menninger