« Le vent se lève, il faut tenter de vivre »,
écrivait Valéry, mais il est mort! Je lui préfère
Pirandello: « vous croyez vivre,
vous remâchez la vie des morts »,
alors,
essayons de survivre, dehors,
c’est le ciel bleu par la fenêtre ouverte,
et les petits enfants qui jouent, tant de mes amis morts,
mais leurs petits-enfants construisent des châteaux
de sable,
avec les miens, des châteaux éphémères,
qu’emporte la marée comme emportait le vent:
« c’étaient amis que vent emporte »,
ce sont châteaux que mer emporte,
Rutebeuf mon ami, pardonne-moi, pardon
de te paraphraser: je me nourris des auteurs morts,
qui écriviez dans notre douce langue, dans les langages anciens,
auteurs de tous pays, talents de tous les temps,
poèmes et chansons, philosophie, romans,
en une longue chaîne qui jamais ne se rompt,
alors oui, continuez,
mes enfants, à bâtir des châteaux, à aimer, à rêver,
à écouter le vent, les vagues,
sentir le sable sous vos pieds d’Hendaye jusqu’aux rudes galets de Bretagne,
tout au long
de notre beau rivage d’Atlantique Nord.
Mais si par le plus grand des hasards la vérité
ne venait pas de Méditerranée?
« Le vent se lève, il faut tenter de vivre »,
Paul Valéry, Pirandello, et Rutebeuf,
en une longue chaîne de talents.
L’esprit, jamais interrompu,
l’océan sans entraves, la mer jamais domptée,
et le vent toujours libre: montrez la voie royale,
Atlantides!
Villebramar, octobre 2024