« C’étaient amis que vent emporte,
les emporta »
Rutebeuf
Jardins secrets, parcours que j’emmène avec moi, chemins
bordés de fleurs et d’épines sauvages,
jardins chemins aux cent visages, aux quatre cent coups et aux sombres soirées,
commencés
comme un conte d’enfants dans un village haut perché, dominant la rivière,
avec des fils et filles paysans, paysannes, ou fils et filles de notables:
l’instituteur, le maire et le docteur trop vite disparu dans un ravin,
marqué d’une croix blanche,
jardins secrets avec des vaches, des chevaux et des forêts de chataigniers
Puis vint le grand dérangement, la plaine, les années de lycée,
dans l’autobus garçons et filles qui se moquaient bien du paysan
du Danube, l’écolier qui rêvait
de revanche
Encore un saut et la revanche!
les routes de France et du Monde,
dans ma tête des flashs, la Clyde grise de brouillard, les gratte ciels,
New York, Kowloon,Tokyo et Osaka, Pékin, les bidonvilles de Manille,
et les filles,
mes chemins de traverse, aux noms dont je perds la mémoire
Jardin secret, la trace dans la neige et le brouillard glacé,
pourtant peuplé de montagnards fantômes entr’aperçus sur la plus haute crête
dominant Chamonix
le repos du guerrier autour d’un verre avec l’ami Didier
Jardins secrets dans la grande forêt des Landes, Argelouse et la mémoire de François
Mauriac,
la forêt sans limites avec chevreuils et sangliers
Jardins secrets ouverts aux solitaires, aux apprentis poètes
qui essaient de se souvenir des fleurs et des épines
sauvages
Jardins secrets qu’il n’est pas convenable
de nommer
Villebramar, premier novembre 2024