« Sorge, Frau Sorge », par Hermann Sudermann
Soeur, ma tendre soeur au manteau gris,
tu as pour toi l’éternité,
la patience d’attendre…
Laisse-nous jouir de nos aurores,
de nos amours, de nos plaisirs.
Les frères et les soeurs qui ont précédé ont découvert un monde
de miracles, d’étonnements,
d’effroi aussi
D’où venons-nous ? où allons-nous ? Ils le savaient,
le consignant dans de Grands Livres ;
ils en ont appris la sagesse,
la patience, la foi
Leurs jours tranquilles s’écoulaient
et les nuits tendres
et leurs enfants jouaient,
leurs savants sans cesse déchiffrant le monde et ses mystères
Soeur, ma tendre soeur au manteau gris,
tu m’as laissé le temps d’admirer
le soleil sur les cîmes,
et la neige infinie
Le soir, au coin du feu, nous nous inventions des légendes
avant enfin d’atteindre le repos de la nuit
Soeur, ma tendre soeur au manteau gris,
tu m’as donné une nombreuse descendance
de gars et filles impatients
de se refaire un nouveau monde
Soeur, ma tendre soeur en manteau gris,
viens me chercher et me prends par la main,
j’ai tant sommeil!
Tu veilleras sur mon repos, ma soeur, ma tendre soeur
au manteau gris
Villebramar, février 2025