J’effacerai le temps
J’effacerai les jours
Mais je sais qu’au retour
J’irai me questionnant
Voilà
J’ai les mains vides
Vides sont mes mains
Vides
Parfois je les regarde, stupide
Et les feuilles tombent dans l’air limpide
Encore une fois
J’effacerai les places
J’effacerai les traces
Me faisant un espace
Dont tu seras absent
Encore une fois
Voilà
J’ai les mains vides
Et du creux de mes paumes arides
S’échappent fuyant entre mes doigts
Les restes d’un espoir pesant
J’effacerai les peines
J’effacerai les joies
Notre route bifurqua
Et chacun eut la sienne
Voilà j’ai les mains vides
Vides sont mes mains
Vides
Et les feuilles tombent dans l’air limpide
Encore une fois
Esther Granek, Ballades et réflexions à ma façon, 1978
Pour répondre à Jean Batou, c’est UNE POETESSE, et non pas un poète! Si vous croyez que vos petites discriminations sexistes vont faire descendre de son piédestal cette magnifique POETESSE, vous pouvez remballer marché! Je ne saurais tolérer une autre atteinte à cette extraordinaire FEMME!
C’est splendide !!! ☺♥
@Laurence, or ici Jean des poètes, et l’on peut dire aussi bien un poète qu’une poétesse.
Ce qu ELLE a fait : Esther c’est une femme. Et quand on lit bien le poème elle parle d’un homme… (« tu seras absent »)
De tels poètes sont très rares de notre temps. Je me demande ce qu’il a fait pour être doué ainsi. Je valide ce poème.
Franchement ce poème est parfait, ça ne se fait pas en une matinée, ça c’est sur!
Belles rimes
Ce qui m’interpelle probablement le plus est le drôle de sens que prend le poème lorsqu’il est lu de bas en haut.