Au premier tiers de votre vie,
vous qui vécûtes longuement
(mais au départ, tout est écrit),
durant ce tiers, ce premier temps,
vous étiez là. Bien apparent.
Évoluant dans le décor.
Accrochant l’oeil. Encore. Encore.
Au second tiers, au second temps
(mais tout se fit à pas feutrés),
devîntes-vous donc transparent ?…
Un peu gommé ?… Comme effacé ?…
Pourtant présent !… Curieux effet !
Presque ignoré dans le décor,
on vous oublie. Encore. Encore.
Au tiers dernier, chamboulement !
Vous revoilà très apparent !
Que grande est l’ironie du sort !
Aussi, qu’immenses sont vos torts !
Car vous entachez le décor
rien qu’en passant, en trottinant !…
Et l’on vous voit ! Encore ! Encore !
Esther Granek, De la pensée aux mots, 1997