» Eh bien ! vous, conseillers de grandes compagnies,
Fils d’Adam qui jouez et des biens et des vies,
Dites vrai, c’est à Dieu que compte vous rendez.
Rendez-vous la justice ou si vous la vendez ?
Plutôt, âmes sans loi, parjures, déloyales,
Vos balances, qui sont balances inégales,
Pervertissent la terre et versent aux humains
Violence et ruine, ouvrages de vos mains.
Vos mères ont conçu en l’impure matrice,
Puis avorté de vous tout d’un coup et du vice ;
Le mensonge qui fut votre lait au berceau
Vous nourrit en jeunesse et abesche au tombeau.
Ils semblent le serpent à la peau marquetée
D’un jaune transparent, de venin mouchetée,
Ou l’aspic embuché qui veille en sommeillant,
Armé de soi, couvert d’un tortillon grouillant.
A l’aspic cauteleux cette bande est pareille,
Alors que de la queue il s’étoupe l’oreille ;
Lui, contre les jargons de l’enchanteur savant,
Eux pour chasser de Dieu les paroles au vent.
A ce troupeau, Seigneur, qui l’oreille se bouche,
Brise les grosses dents en leur puante bouche :
Prends la verge de fer, fracasse de tes fléaux
La mâchoire puante à ces fiers lionceaux.
Que, comme l’eau se fond, ces orgueilleux se fondent ;
Au camp leurs ennemis sans peine se confondent :
S’ils bandent l’arc, que l’arc avant tirer soit las,
Que leurs traits sans frapper s’envolent en éclats.
La mort, en leur printemps, ces chenilles suffoque,
Comme le limaçon sèche dedans la coque,
Ou comme l’avorton qui naît en périssant
Et que la mort reçoit de ses mains en naissant.
Brûle d’un vent mauvais jusque dans les racines
Les boutons les premiers de ces tendres épines ;
Tout périsse, et que nul ne les prenne en ses mains
Pour de ce bois maudit réchauffer les humains. […]
Théodore Agrippa d’Aubigné
La mort est ici décrite comme étant laide, terne, ignoble…
C’est en effet une façon de la décrire, même si je préfère la manière méliorative.